Créations, tournées, disques : premier semestre 2025 intensif pour Lionel Martin

Entre scène, tournées, sorties de disques, studio, Lionel Martin connait un début d’année 2025 particulièrement bouillonnant : une résidence à la Martinique avec le chorégraphe Alfred Alerte en janvier, puis deux tournées avec deux formations différentes (Ukandanz et No Suicide Act), deux nouveaux disques (« Evil Plan » de Ukandanz et « Les Déments », avec Denis Lavant et Jean-Jacques Birgé), plusieurs enregistrements en cours, dont un avec la poétesse algérienne Samira Negrouche, un autre avec Louis Sclavis… Non mais comment fait-il ? Reprenons avec lui point par point.

 

Janvier : Kreyol Man La à la Martinique 

 

Ballet Kreyol Ma La - Photo : Peggy Leblanc FarguesPeux-tu rappeler la genèse du projet ?

Lionel Martin : Il s’agit d’un retour sur l’histoire et le parcours du chorégraphe Alfred Alerte. L’histoire universelle d’un petit garçon d’un quartier très pauvre de Martinique qui va s’envoler grâce à la danse

Tu as co-composé la musique du ballet avec Benjamin Flament : va-t-elle sortir en disque (sur ton label Ouch ! Records) ?

LM : Tout à fait, nous avons co-composé, tout est très naturel et évident avec Benjamin. Nous avons enregistré les représentations des spectacles à Fort de France. Tellement contents du résultat, nous avons décidé d’éditer une bande son en disque !

Pour l’instant le ballet n’a été présenté qu’à Fort-de-France. Y a-t-il des représentations prévues en Métropole ?

LM : Oui, nous jouerons en novembre à la maison de la culture de Nevers pour le Djazz Festival ainsi qu’à Cachan. Avis aux programmateurs…

 

Mars/avril : Ukandanz, tournée internationale et nouvel album

 

Ukandanz en concert à Milan - avril 2025 - Photo : Mario Di BariVous êtes partis fin mars pour une tournée en Europe centrale, de Vienne à Sofia, en passant par Milan, Budapest… après une date au Togo. Comment ça s’est passé ?

LM : La tournée a été magnifique, notre nouveau set est détonnant, belle narration, énergie au top… On retrouve Ukandanz a son meilleur niveau de jeu. Le public apprécie, nous le sentons !

Votre 6e album, Evil Plan, sorti le 18 avril, rencontre un beau succès critique, notamment en à l’étranger. Qu’est-ce qui explique, selon toi, ce succès critique quasi planétaire précisément avec cet album ?   

LM : On peut se dire que le groupe a 15 ans, que nous avons joué beaucoup, partout dans le monde et que sur la scène alternative nous sommes bien appréciés… Le fait de reprendre « War pigs » (de Black Sabbath) est un déclencheur. Je pense que cela donne une clé de lecture universelle. Même si le thème de la chanson a déjà été utilisé, je veux dire l’esprit contestataire, dans nos musiques, avec ce titre il n’y a plus besoin d’explications.

J’ai l’impression que la presse reste encore un peu timide en France, à l’exception de Radio France qui vous soutient depuis toujours. Comment l’expliquer ?

LM : Cela reste un mystère. Maintenant la presse musicale est moins en forme que nous…

 

Depuis Avril : No Suicide Act, tournée et deux disques en prévision 

 

No Suicide ActAvec FanXoa, vous avez démarré en avril une tournée de quelques dates qui va vous mener un peu partout en France, jusqu’à l’automne. Comment ça se passe ?

LM : En France, mais aussi au Canada et en Belgique ! Nous retournons au Canada en septembre prochain pour trois concerts et une sortie de disque avec pressage local ! Les concerts se passent très bien, le public est réceptif, parfois surpris par la proposition, mais au final les retours sont très bons. Phrase qui revient souvent : « ce qui a de bien avec vous les Bérus c’est que vous n’avez pas changé », c’est sympa pour FanXoa et pour moi c’est drôle, mais sacrément touchant !

Où en est le projet d’un disque live ?

LM : Le disque live est en cours, Disque noir, notre ingé son, travaille dessus, nous devrions l’avoir pour octobre. Peut-être avant, tout dépendra du « repress » Québécois de « Interbellum » version rouge et noir etc…

Et le prochain album ?

LM : Nous avons une douzaine de nouveaux titres à affiner, développer, faire tourner… Nous aimerions le voir aboutir en 2026

 

Mai : sortie de l’album Les Déments

 

Les Déments : Denis Lavant, Jean-Jacques Birgé et Lionel MartinComment est né ce projet un peu dingue avec Denis Lavant et Jean-Jacques Birgé ?

LM : Avec Jean Jacques nous rêvons et passons à l’action. Pour tout dire, Arma Lux (qui a réalisé notre clip pour Ukandanz et NSA d’ailleurs ) est un grand grand admirateur de Denis Lavant. Je lui ai offert le livre « Echappées belles », que j’ai lu avant de lui donner… Quand j’ai lu Denis parler de son rapport à la musique, j’ai eu le frisson et l’envie de jouer avec lui. Nous l’avons contacté, nous lui avons donné nos disques respectifs (mon solo avec la pochette de Robert Combas et l’hommage à Rimbaud). Il y avait des évidences, elles se sont manifestées.

Comment c’est passé l’enregistrement ?

LM : Denis a choisi des textes qu’il nous a proposé, de son côté Jean-Jacques a préparé des sons, ses instruments, son studio (qui est d’ailleurs toujours prêt, un peu comme le mien !) Nous avons échangé nos salutations autour d’un thé et d’un café alors que la neige commençait à tomber, puis très vite nous avons commencé à enregistrer ce que vous pouvez entendre aujourd’hui.

Y aura-t-il une suite ?

On ne sait jamais… après le premier album avec Jean-Jacques, « Fictions », qui aurait dit que nous partirions aussi loin avec un tel artiste !

 

Et en même temps :

 

Avec Samira Negrouche 

 

Là encore, peux-tu rappeler l’histoire du projet ?

LM : Avec Samira, j’aurais dû aller à Tlemcen en décembre dernier. Mon visa ayant été refusé nous avons travaillé à distance, elle écrivant et enregistrant les sons sur place, et moi les organisant ici en France. Il s’agit d’une commande du musée de Tlemcen, pour une écriture en lien avec le patrimoine. Cela fait la jonction avec le spectacle « J’habite en mouvement » que nous avons donné en Algérie en 2023.

On connait la situation avec l’Algérie actuellement. Est-ce que vous prévoyez malgré tout de refaire une tournée là-bas ? Où ailleurs ?

LM : Il est question d’un rendu de notre travail en juillet prochain à Tlemcen. Maintenant au vu de la situation c’est le moment de dire… Inch Allah !

 

Avec Louis Sclavis

 

Où en est votre projet de disque ?

LM : Le moment est venu d’enregistrer, nous nous sommes vus le mois dernier avec Louis, nous envisageons l’enregistrement en septembre prochain..

 

Maintenant ton secret pour gérer tout ça ?

J’avance au jour le jour et quand on me demande ce que je fais, j’ai l’impression de ne rien faire, sur le moment je ne sais jamais… C’est la nuit que je réalise et franchement ça n’aide pas à dormir. Alors je fais des gammes dans ma tête !