L’enregistrement de ce cinquième disque suit de très près le quatrième, sorti en juin dernier. Totalement instrumental, Four Against the Odds, avait été enregistré dans les conditions particulières du confinement, sans le chanteur Asnake Gebreyes, bloqué à Addis-Abeba.
Retour donc au format habituel, avec le groupe au complet – Asnake Gebreyes au chant, Damien Cluzel, à la basse et guitare, mais aussi à la composition et direction artistique, Fred Escoffier aux claviers, Thomas Pierre, le nouveau batteur, et Lionel Martin au sax – pour ce nouvel enregistrement réalisé au studio Mikrokosm à Villeurbanne. Prévu pour le mois de décembre, le disque comprend huit titres mêlant compositions inédites et standards éthiopiens revisités selon la recette magique de l’éthio-rock qui a fait la réputation du groupe. Avec une mise en valeur plus affirmée de la voix exceptionnelle d’Asnake, par les envolées typiquement éthiopiennes du clavier et du sax, un (tout petit) peu plus calme que d’habitude, et par une rythmique envoutante. Transe intense garantie…
Rappel pour ceux qui seraient passé à côté de Ukandanz et de l’éthio-crunch
C’est Damien Cluzel, formé au conservatoire de Jazz d’Amsterdam d’où il part pour l’Ethiopie, qui est à l’origine de Ukandanz. Là-bas il commence à jouer avec des musiciens du cru, avant de rencontrer Francis Falceto. Le spécialiste de la musique éthiopienne – il a contribué à la diffuser à l’international grâce à Éthiopiques, série d’une trentaine de disques dédiés à la musique éthiopienne et érythréenne des années 1960 aux années 2000 (Buda Musique) – l’aiguille sur différents projets qui lui permettent d’apprendre les gammes éthiopiennes. Après avoir passé quelques temps à imiter l’existant, le Lyonnais se lance dans la composition de sa propre musique.
De retour à Lyon en 2006, il propose à Lionel Martin, au batteur Guilhem Meier et à Fred Escoffier de participer à sa nouvelle aventure : Ukandanz. Pour la voix, il a son idée : Asnake Gebreyes avec qui il a enregistré un disque en 2003. Le chanteur d’Addis-Abeba, vedette dans son pays, est ouvert à cette collaboration.
Un premier disque, Yetchalal sort en 2012, suivie par plusieurs tournées un peu partout dans le monde. La musique de Ukandanz, mélange magique et détonant de standards éthiopiens et de rock prog, punk et expérimental – un genre nouveau que le groupe baptise Ethio-crunch – est irrésistible en concert.
En février 2016 sort Awo, un album au style rock plus affirmé que jamais avec l’arrivée du bassiste Benoit Lecomte en remplacement de Fred Escoffier. Pour le troisième opus, Yeketale (2018), le groupe essaie encore une nouvelle formation, avec Adrien Spirli au clavier et à la basse, et Yann Lemeunier à la batterie. Four Against the Odds boucle la boucle, avec le retour aux claviers de Fred Escoffier et l’arrivée du batteur Thomas Pierre.
Le groupe, sans concession, touche peu le grand public (qui a d’ailleurs en général tellement mauvais gout que c’est plutôt bon signe !) mais a des fans irréductibles et le soutien sans faille des connaisseurs. L’arrivée de ce cinquième album est une excellente nouvelle. On l’espère accompagné d’une tournée internationale digne de ce nom. En attendant, l’ensemble de la discographie du groupe est disponible sur Ouch ! Records, label de Lionel Martin.
Lequel travaille déjà sur un autre projet avec François, des Béruriers Noirs, groupe qui fait partie des raisons pour lesquelles il est saxophoniste aujourd’hui ! Bientôt plus d’infos.